Hypothèses

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17/11/2020 : je reformule mes hypothèses

1- Le roman du Graal est un manuel d’initiation.

Il s’adresse donc à tout candidat potentiel sous la forme d’un ensemble d’images mythiques constituant des indications sur le chemin à suivre pour mener à bien le processus initiatique.
Mais il s’agit d’une initiation bien particulière : l’initiation Gnostique à propos de laquelle Jean-Pierre Mahé déclare [1] : "la gnose n’est pas une connaissance ordinaire, qu’on puisse exposer dans un manuel ou un traité didactique, aisément accessible à tous. C’est un enseignement ésotérique, réservé à ceux qui en sont dignes. On ne saurait en saisir la portée spirituelle si l’on n’a pas au fond de soi-même, comme une composante de son être le plus intime, le germe des réalités transcendantes qu’elle signifie. Qui décide de les accueillir ne les reçoit pas seulement de traditions externes, transmises par la communauté à laquelle il adhère, mais plus encore de l’intérieur, par intuition foudroyante".
Et, une partie de la tâche entreprise par Chrétien de Troyes est bien de ranimer ce germe divin intérieur. Les images qu’il emploie éveillent directement la ressouvenance de l’homme et frappent son imagination, le poussant à la quête.
Car les deux aspect de la gnose : "connaissance de soi" [2] et "connaissance du Divin" ne peuvent s’atteindre que par un troisième type de gnose : "la connaissance de la voie". C’est cette connaissance que veut transmettre le mythe du Graal. Les paysages, les personnages et les aventures, sont tous des éléments intérieurs qui traduisent des pensées et des états de la conscience. La méthode utilisée par Chrétien de Troyes est celle qui fut utilisée également dans l’alchimie : des phrases clefs et des images typiques, que l’on retrouve dans toutes les traditions, servent de points de repères et constituent des tableaux représentant une phase de l’œuvre.
Là encore, nous retrouvons une des caractéristique de la transmission des enseignements gnostiques : le mythe. En effet, " Au contraire des sages de ce monde, la gnose ne cherche pas à dissiper le mystère, mais à l’intérioriser, ce qui ne peut ce faire qu’à travers le mythe. Or le mythe, même s’il est noté par écrit, s’enracine dans la tradition orale. Il ne saurait être figé sous une forme définitive, ni faire l’objet d’une exégèse univoque, totalement arrêtée. C’est sa plasticité qui lui permet de pénétrer les Âmes, d’éveiller en chacun des échos de sa propre histoire et de la ligné ou du groupe dont il est issu." [3]

2- L’initiation visée est l’initiation gnostique

On a proposé de définir le gnosticisme comme la conviction " qu’il y a en l’homme une étincelle divine [...] tombée dans ce monde soumis au destin, à la naissance et à la mort, et qui doit être réveillée par la contrepartie divine du Soi, pour être finalement réintégrée". [4]. Cette définition assez vague a cependant pour les Gnostiques une conséquence bien précise, qui régit toute leur vison du monde, de l’homme et de sa destinée. Il s’agit de la notion des deux ordres de nature : ce n’est pas l’ancien qui se transforme mais avant tout quelque chose de nouveau qui naît : "puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre car le premier ciel et la première terre avaient disparu" [5].
Dans les textes gnostiques, cela est représenté par la présence d’un deuxième héros qui se substitue au premier le moment venu.
Lorsque l’on se penche avec attentionn sur les premiers textes du Graal, on constate que l’on retrouve les grandes phases du chemin gnostique :
- La prise de conscience de son état naturel (Perceval rencontre les chevaliers),
- La renaissance de l’âme (Perceval délivre blanchefleur),
- La reddition de l’ancienne personnalité à la nouvelle (Perceval rencontre Gauvain),
- La reconstruction de l’homme - âme -esprit de l’origine (aventures de Gauvain),
- Le service pour le monde et l’humanité : le service du Graal (Parzival : rencontre entre l’orient et l’occident, Parzival devient roi du Graal) .
 
Bien sûr, il faut faire attention à ne pas confondre, comme trop de continuateurs et d’érudits l’ont fait, les description du monde invisible (dont fait parti le monde des morts) et du monde de l’âme (spirituel). Mais ces textes du moyen-âge servaient aussi à enseigner la différence fondamentale entre ces deux mondes (l’exemple le plus frappant est "l’histoire de la tête d’âne" que racontaient les Cathares, contemporains de Chrétien de Troyes).

3- L’objet Graal est une possession particulière des écoles des mystères gnostiques.

On peut dire que ce qui relie ces différentes fraternités : premiers chrétiens, Manichéens, Cathares, Rose-Croix, c’est d’être des fraternités du Graal. Elles en témoignent par le service du Graal : répandre lumière, nourriture et soins sur l’humanité ( l’énorme influence civilisatrice de ces fraternités sur leur environnement ).

Notes :

[1] Introduction aux écrits gnostiques publiés dans la bibliothèque de la pléiade. Texte de Jean-Pierre Mahé et Hubert Poirier.

[2] On trouve à ce propos dans le livre de Thomas (II,7) : "Qui ne s’est pas connu n’a rien connu, mais celui qui s’est connu lui-même a déjà acquis la connaissance de la profondeur du Tout"

[3] Introduction aux écrits gnostiques publiés dans la bibliothèque de la pléiade. Texte de Jean-Pierre Mahé et Hubert Poirier.

[4] "Proposition concernant l’usage scientifique des termes gnose, gnosticisme", dans Bianchi éd., le origini dello gnosticismo, p.xxiii-xxiv cité par Jean-Pierre Mahé dans l’introduction aux écrits gnostiques publiés dans la bibliothèque de la pléiade

[5] Pour ceux qui s’étonneraient de trouver des citations du nouveau testament dans un article sur le gnosticisme, je rappelle que le christianisme est à l’origine un mouvement gnostique. Voir à ce sujet la synthèse récente effectuée par Thimothy Freke et Peter Gandy


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