On retrouve dans de nombreuses traditions la coupe (que ce soit explicitement celle du graal ou non) en liaison avec le soleil et la lune :
Si on veut trouver le Graal dans l’iconographie du moyen-âge, il ne faut pas chercher l’objet en tant que tel, mais sa signification en tant que contenant d’un elixir divin. En effet, Il existe de nombreuses représentations d’anges ou de l’Ecclésia recueillant le sang du Christ dans une coupe, mais cela ne c’est jamais fait au moyen-âge, au temps où les légendes du Graal étaient bien vivantes. On ne dénombre en réalité que 2 ou 3 représentations du Graal, mais jamais dans le cadre du cortège du Graal. En revanche, on trouve une quantité de représentations du "tryste" de Tristan et Yseult. Si de nombreux auteurs se sont interrogés sur la popularité d’une image aussi profane qu’un rendez-vous galant, c’est qu’ils n’en ont pas compris le sens caché, profondément religieux. Il faudrait faire d’ailleurs une étude comparative avec d’autres images des fonds alchimiques et astrologiques pour comprendre toute la profondeur de son sens et sa diffusion dans l’iconographie du moyen-âge.
La scène représentée est en effet bien profane : Tristan et Yseult ont un rendez-vous d’amour près d’une fontaine. Mais le roi Marc en a été prévenu et se cache dans un arbre. Tristan et Yseult voient sa silhouette dans l’eau de la fontaine et tiennent des propos si pudiques que la jalousie du mari s’éteint.
Regardons maintenant l’image sans penser au conte. Nous voyons une tête avec une couronne d’or ronde, quelquefois même avec un auréole lumineuse ; c’est le soleil posé dans l’arbre de vie. Au-dessus de l’arbre de vie, qui est bien placé au milieu de l’image, nous voyons la fontaine de la vie, flanquée d’un côté d’un homme et de l’autre d’une femme, symbolisant donc les principes masculin et féminin, et le reflet du soleil dans l’eau, qui découle de la fontaine de vie. C’est encore une fois le Graal (...) c’est une représentation d’une cosmogonie gnostique [1]
Pour Silivia CHITIMIA ("traces du Graal dans le folklore roumain" in Graal et modernité : actes du colloque de Cerisy 1995) également, le Graal est plus qu’une coupe :
"Finalement, si nous acceptons d’appeler "Graal " certains motifs plus ou moins communs, d’une part au corpus littéraire médiéval des récits dits du Graal, et d’autre part à la tradition orale roumaine, alors ceux qui attirent le plus notre attention sont :
a) Le Graal comme vase (Grasale) .(...)
b) Le Graal comme texte ou livre ("gradale" ou "graduale"), le verre sans prix étant parfois "écrit avec les rayons du soleil et de la lune. A ce propos, le verre peut être vu comme un texte gravé par des vertus astrales.
c) Le Graal comme un globe d’or (...)
d) Le Graal comme source lumineuse et régénératrice.
On retrouve également cette représentation dans la peinture chinoise (aux alentours du IXème siècle) représentant l’empereur Fuxi et sa sœur Nuwa aux corps de serpents enlacés.
Cette peinture replace la figure du graal en l’homme, au sommet du feu du serpent de la nouvelle conscience, formé des deux courants masculin (le soleil) et féminin (la lune).
Le sympathique se compose en effet de deux cordons nerveux situés à gauche et à droite de la colonne vertébrale, partant d’un point au dessus du bulbe rachidien, dans la sphère d’influence directe de la pinéale.
Ces deux cordons forment en fait deux champs distincts. Le premier champ, à droite de la moelle épinière, est créateur. Il donne l’impulsion et a une fonction masculine. Le second champ, à gauche, à pour fonction de manifester et a une fonction féminine. Les anciens Aryens les appelaient "Pingala" et "Ida".
Chez le candidat aux mystères transfiguristiques, les deux cordons du grand sympathique se joignent au cours d’un lent processus de changement. L’élément créateur et l’élément manifestateur s’unissent ; le masculin et le féminin deviennent ainsi anatomiquement une unité, pour former finalement une trinité quand, sans forcer, tout naturellement, par la voie de l’endoura, l’ancien feu du serpent du système vertébral habituel s’éteint pour faire place, là aussi, au feu du renouvellement. [2]
On peut retrouver cette union du masculin et du féminin chez Wolfram von eschenbarch au travers des différents mariages à la fin du roman : mariage de Perceval et de Condwiramour ; mariage de Clarissant et du Guiromelant en même temps que le mariage de Gauvain et d’orgueuluse ; mariage de Feirefils et de Repanse de joie, la porteuse du Graal.