Perceval et la vision intérieure

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Dans le conte du Graal, Perceval progresse de vision en vision (il s’agit bien entendu de visions intérieures) :
- la vision des 5 chevaliers nimbés de lumière, qui lui fait quitter la gaste forêt,
- la vision du cortège du Graal [1],
- la vision des trois gouttes de sang sur la neige.
Entre les visions, on retrouve les instructeurs ( la mère, Gornement, la cousine ) et de brefs passages à la cour du Roi Arthur.

Cette alternance de visions intérieures, d’enseignements et de séjours à la cour d’Arthur, le lieux où l’on fait les chevaliers, le centre initiatique, est un élément typique de l’initiation gnostique.
 
De nos jours, on croit que la connaissance révélée directement ne s’obtient qu’à un certain degré d’avancement et d’initiation. Rien n’est moins vrai. Cela peut se produire, certes, après une sérieuse préparation et un incontestable avancement sur le Chemin, mais rien n’empêche un élève débutant de recevoir une révélation. C’est une erreur de penser que la progression d’un candidat dépend, avant tout, des leçons données par un instructeur, parce que tout savoir acquis par un intermédiaire reste absolument sans valeur, s’il n’est pas précédé d’une révélation. Dans l’ Ecole des Mystères, la connaissance directe n’est pas le résultat de l’expérimentation, mais de l’illumination.
 
Cette illumination de l’élève débutant, nous l’appelons la ressouvenance, c’est à dire, la réminiscence d’un très lointain passé. Dans le conte du Graal, cet état particulier du candidat est indiqué par les termes "fils de la veuve dame".
 
La ressouvenance constitue la base de toute recherche spirituelle. Lui succède la transmission de l’enseignement. Eclairé par la ressouvenance, le chercheur se relie à une Ecole spirituelle qui dispense son enseignement tout au long du chemin. Perceval rejoint la cour du roi Arthur, le centre spirituel.
 
Maintenant, la connaissance directe s’élargit, et « le glaive de la ressouvenance » transperce le candidat .
Le savoir transmis par l’ Ecole spirituelle, la cour royale, y est-il pour quelque chose ? Non. Alors, à quoi peut-il servir ?
Nous devons faire la distinction entre la révélation individuelle et la révélation collective : la révélation individuelle est directe. La révélation collective est transmise à tous. Toutes deux sont en interaction. La révélation individuelle est comme un trait de lumière éclairant le chemin plongé dans l’ombre. La révélation collective donne les moyens de parcourir le chemin.
 
Le chemin de l’Esprit comporte trois aspects dont aucun ne peut être négligé :
- 1. La prière, l’aspect mystique
- 2. L’enseignement, l’aspect gnostique
- 3. La liaison avec l’Ecole des mystères, l’aspect magique
L’aspect mystique est la nécessité intérieure de s’agenouiller et de prier. L’aspect gnostique est la connaissance dispensée par l’ Ecole spirituelle. L’aspect magique, réalisateur, est la liaison avec l’ Ecole qui engage à l’accomplissement du Grand Oeuvre. La délivrance de la mort, cependant, dépend de la prière, c’est-à-dire du nouveau comportement, d’où procède l’illumination du Chemin.
 
Révélation directe et connaissances acquises sont comparables à de la lumière et à de la nourriture. Cette nourriture est le fruit de l’Arbre de Vie. Elle nous fortifie et nous aide à nous constituer un corps pour marcher sur le sentier, mais elle ne nous montre pas le chemin. La lumière nous le montre, mais elle n’est pas dispensée collectivement ; elle se révèle individuellement, à celui qui s’agenouille et prie. Dans cette Lumière nous voyons le chemin. Par l’Enseignement nous recevons la force. Par la liaison avec l’ Ecole spirituelle nous parcourons effectivement le chemin

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Perceval absorbé par la vision des 3 gouttes de sang sur la neige

Notes :

[1] cf. la note de Paulette Duval sur le fruit de cette expérience


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