Le chateau du Graal

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Vers 1270, une soixantaine d’années après le Parzival de Wolfram von Eschenbach, le poête allemand Albrecht von Scharfenberg reprendra le fragment du Titurel de Wolfram pour écrire "le nouveau Titurel". Ce roman reprend à ses débuts l’histoire du lignage du Graal et décrit avec soin le château du Graal.
 

Dans la terre du Salut, dans la forêt du Salut, se dresse une cime solitaire appelée le Mont du Salut, que le roi Titurel ceignit d’un mur et sur lequel il édifia un précieux château pour servir de temple au Graal ; parce que le Graal en ce temps là ne résidait pas en un lieu défini, mais flottait, invisible, dans l’air [1]. La montagne était faite d’onyx, on en avait dénudé et poli le sommet jusqu’à ce qu’il brillât comme la lune. Le temple avait de hauts murs tout enrichi d’or et incrusté de gemmes, il était de forme circulaire et coiffé d’une coupole, et son toit était en or. A l’intérieur, son plafond était incrusté de saphirs pour représenter l’azur du ciel et constellé d’escarboucles. Un soleil d’or et une lune d’argent se déplaçaient dans les deux moitiés de la voûte par tout un jeu de mécanismes, et le claquement des cymbales marquait le passage des heures [2].
 
Ce château, inspiré d’un château réel ou non, est avant tout le rappel d’une donnée de l’enseignement universel : l’homme, l’homme véritable, est un microcosme. Nous sommes, nous être humain, au cœur de ce microcosme, avec son ciel et ses planètes qui régissent notre destinée. Accomplir les mystères du Graal, c’est ressusciter ce microcosme, en faire à nouveau un temple [3] .
On retrouvera cette description au XVIIème siècle dans la Fama Fraternitatis R+C où le sépulcre de Christian Rose-Croix (le cœur secret de la demeure sancti spiritus) est décrit ainsi :
 
Cette crypte, nous la partageâmes en trois parties : la voûte ou ciel, la muraille ou côtés, le sol ou dallage. Du ciel vous n’apprendrez ici rien de nous, sinon qu’il était, en son centre lumineux, divisé en triangles selon les sept côtés. Mais ce qu’il y avait à l’intérieur, vous devrez bien plutôt le voir de vos propres yeux, vous qui attendez le salut, par la grâce de Dieu. Chaque côté était divisé en dix espaces carrés, chacun avec ses figures et sentences, comme nous les avons reproduites dans notre ouvrage sous forme condensée avec autant de soin et de précision que possible. Le sol était aussi divisé en triangles, mais étant donné que l’on y avait décrit le règne et la puissance du régent inférieur, de telles choses ne se peuvent prostituer au monde impie et curieux pour son usage profane. Mais qui est en harmonie avec l’enseignement céleste marche sur la tête de l’antique serpent sans crainte et sans dommage, ce à quoi se résigne parfaitement notre siècle.
 
Il est dans l’intention des choses que vous connaissiez un jour la réalité des mondes qui nous entourent. Mais il n’existe pour cela qu’un seul chemin : "quant à ce qui est dans le centre lumineux, vous devrez bien plutôt le voir de vos propres yeux, vous qui attendez le salut par la grâce de Dieu."
Le vide entre vous et le mystère impénétrable est ténu comme un voile ; la nature des choses divines est plus proche que les pieds et les mains parce qu’elle demeure en vous, parce que le plan de Dieu réside en vous. Et pourtant, rien n’est plus éloigné lorsque vous ne voulez pas accorder votre vie à l’exigence du plan divin.
L’aspirant à la vie supérieure qui comprend quelque peu cette exigence, et qui l’applique dans ce monde en tant que franc-maçon conscient, perçoit un aspect de cette partie supérieure du caveau cosmique et du propre caveau funéraire, en tant que réflexion du marcrocosme. Des mondes s’ouvrent à lui ; pas à pas, il pénètre derrière le voile. Il a part à la connaissance de première main, à la réalité du triangle lumineux du milieu.
 

Notes :

[1] On retrouve ici un aspect des enseignement gnostiques : la force, la gnose, est immanente. Elle flotte dans l’atmosphère et touche tous les hommes, les poussant à la recherche. Cependant, les envoyés du royaume originel ont pour tâche de construire des lieux particuliers et d’y rassembler des chercheurs pour former une "Ecole Spirituelle" un lieu ou cette lumière est concentrée et peut agir avec suffisamment de force dans le candidat pour provoquer le processus de la transfiguration

[2] Ce château enflamma les imaginations et donna un bon coup de pouce au mythe du Graal iranien quand une expédition scientifique découvrit dans les années 1930 que le roi perse Khosrô II construisi au début du VIII siècle un palais qu’il appela Takt-i-Taqdis, ou Trône des Arches - l’actuel Takt-i-Suleiman, sur la montagne sainte de Shîz, en Iran. Comme le temple du Graal, il portait une coupole, son toit était recouvert d’or et doublé de pierres bleues pour représenter le ciel. Il y avait des étoiles, un soleil, une lune, des cartes astronomiques et astrologiques dont les tracés étaient dessinés par des gemmes, des balustrades plaquées d’or, des escaliers dorés et de riches tentures. La masse du Takt se dressait au dessus d’une fosse invisible dans laquelle des attelages de chevaux tournaient sans trêve pour déplacer l’édifice au rythme des saisons et rendre plus aisées les observations astronomiques et astrologiques.

[3] Et l’homme au centre du microcosme devient ainsi, selon l’apocalypse de Jean, une "colonne dans le temple de Dieu"


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