Notre série d’articles sur les mystères du sang ne saurait être complète si nous n’abordions pas la transformation alchimique fondamentale qui est en jeux : la fabrication de l’or.
Nous voici donc placés devant la tâche alchimique de faire de l’or. C’est là le désir ardent de tout candidat aux mystères, il aspire à cet état de l’être primordial constitué d’or.
Tout être vivant éprouve cette même soif. Il lutte pour posséder des biens, les conserver et une fois acquis son instinct le pousse à étendre et raffiner ses possessions. Cet instinct primordial de l’humanité, c’est aussi le principe de base de l’apprentissage. Vous convoitez l’or.
Quelques gouttes du fluide originel tombées dans notre nature et cristallisées en minéral et voilà l’humanité jetée dans la tourmente qu’engendre la soif de l’or. A la vue du précieux métal, tous sont possédés par l’idée magique sous-jacente. Bien qu’elle engendre beaucoup de douleurs, c’est aussi une joie que de savoir cette idée divine au cœur de la nature.
Les Rose-Croix classiques exprimaient la formule de fabrication de l’or au moyen de trois éléments : le soufre, le mercure et le sel ou encore flamma, natura et mater. Nous retrouvons ces trois éléments dans la première épître de Jean : "Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu. Quiconque est né de Dieu triomphe du monde dans et par l’Esprit, l’Eau et le Sang".
Il faut confier le soufre au feu, disent les Rose-Croix, puis incorporer lentement le mercure et le sel afin d’obtenir l’or. Le candidat doit livrer sa conscience au feu de la nouvelle impulsion atmosphérique ; le fluide nerveux doit être rendu apte à véhiculer cette nouvelle vibration qui renouvelle le sang et tisse le Divin manteau d’Or.
Mais comprenez bien les bases d’un tel processus. Les sept foyers de la tête et les sept foyers du coeur sont emprisonnés dans le réseau sanguin. Tout développement intellectuel ou mystique, c’est à dire occulte ou religieux naturel n’est fondé que sur les propriétés sanguines et ne permettra jamais de passer de l’idée à la réalisation.
La formule transfiguristique de fabrication de l’Or est basée sur une troisième cognition qui siège dans le feu du serpent. C’est la conscience, le soufre, la flamma, l’Esprit. La volonté, qui ne provient ni du cœur ni de la tête, est une des sept flammes de cette conscience.
La formule précédente nous enjoint donc de confier notre volonté au feu. Quel feu ? Le feu de Christ, la radiation atmosphérique gnostique actuelle. Il ne s’agit pas d’un état médiumnique, n’employant que la vibration de conscience courante, mais d’un feu à la clef vibratoire très supérieure [1]. Confier le soufre au feu signifie que l’élève neutralise sa volonté et monte sur le bûcher christique : "celui qui voudra perdre sa vie pour moi la trouvera".
Ceci est contraire à votre nature, mais c’est pourtant la clef. Tel Gauvain au début de ses aventures, vos ardeurs subiront de rudes coups pour que vous consentiez à confier au feu votre volonté. Celui qui a traversé la vanité du matérialisme (gauvain insulté et pris pour un marchand), l’illusion du mysticisme (tournoi au service d’une gamine qui se prend pour une dame) et l’emprisonnement occulte (gauvain emprisonné dans une Tour, en train de se défendre avec un échiquier géant) découvrira qu’il n’existe qu’une possibilité : approcher du feu par sa troisième cognition, y allumer sa flamme en disant "Seigneur, non pas ma volonté, mais que ta volonté s’accomplisse".
[1] Pensez au livre ’le Dominicain blanc’ de Gustav Meyrink à cette lutte contre Meduse qui représente ce que nous avons appelé la hiérarchie naturelle et au feu sanctifiant